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Résumé du livre La Grande Réinitialisation

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Source : « Covid-19 : La grande réinitialisation », Klaus Schwab et Thierry Malleret, Forum Publishing (Forum Economique Mondial), Suisse, Edition 1.0, ISBN : 978-2-940631-13-1. (Version anglaise : Covid-19 : The Great Reset »

NB : un livre est sorti en avril 2021 : « La grande réinitialisation : Analyse du projet de société du Forum Économique Mondial », écrit par John Laughland.

Résumé

Les auteurs partent de l’axiome que la pandémie de C19 va être un point de départ pour un grand bouleversement de notre société (l’écriture du livre semble terminée en juillet 2020 et sort à la vente septembre 2020). Connaissant l’influence que leur analyse peut avoir sur les politiques des différents états, les auteurs proposent un grand projet de changement, alors même que la pandémie n’est pas terminée et qu’on ignore encore donc l’impact réel. Ils pensaient probablement que le monde s’enfoncerait encore davantage dans la pandémie de C19. Ils se basent davantage sur les effets des pandémies précédentes dans l’histoire pour assoir un raisonnement. Certaines conclusions semblent évidentes. Parfois les auteurs admettent qu’ils ignorent dans quel sens va évoluer la société. Il est plutôt étonnant que cet ouvrage ait suscité autant d’émotion sur les réseaux sociaux, en particulier chez les adaptes des théories « complotistes ». Il s’agit en réalité d’un ouvrage « prospectif » qui analyse les impacts économiques de la pandémie et qui imagine la renaissance de l’économie mondiale après, très probablement, des changements profonds dans les comportements. La pandémie est, selon eux, l’opportunité de réfléchir à notre avenir, réimaginer et « réinitialiser » le monde. Dans la conclusion, ils prônent un monde moins clivant, moins polluant, moins destructeur, plus inclusif, plus équitable et plus juste. Ils invitent chacun de nous à œuvrer pour que le monde aille dans ce sens.

Introduction

P16, les auteurs écrivent que « Contrairement à certaines épidémies passées, la C19 ne constitue pas une nouvelle menace existentielle. ». Ils utilisent cependant des références marquantes comme la seconde guerre mondiale, la grippe espagnole de 1918, la grande dépression de 1929, l’attentat du 11 septembre à NY, la crise financière de 2008… Ils prennent pour exemple la 2e guerre mondiale pour expliquer qu’un événement de ce type génère de profondes transformations et des « changements fondamentaux dans l’ordre mondial » mais citent ensuite des exemples positifs comme l’instauration du droit de votes des femmes. Ils citent la phrase « Nous sommes en guerre contre un ennemi invisible ». Cela fait probablement référence au discours prononcé par E.Macron.

P18, ils écrivent que la pandémie de C19 tuera moins de monde que les grandes pestes passées ou que la seconde guerre mondiale. Il est précisé que cet ouvrage fut publié « au milieu d’une crise ». Cette phrase peut semer le doute. On pourrait se demander comment pouvaient-ils savoir qu’on était au « milieu » alors que la pandémie n’était pas terminée mais c’est probablement un terme qu’il ne faut pas prendre au sens propre. Il faut entendre le milieu comme un point quelconque entre un début et une fin. P.47, ils réitèrent en écrivant « tout au long de la pandémie », alors qu’elle n’en était qu’au début à la date où le livre a été écrit. Ils écrivent bien ensuite que ce livre offre des lignes directrices « théoriquement fiables » sur la suite des événements.

P20, les auteurs se laissent même bercer dans l’utopie d’une recherche accrue du bien commun comme objectif politique, la notion d’équité acquérant un pouvoir politique, des mesures radicales en matière de bien-être et de fiscalité… Ils écrivent que cette période de bouleversement doit être l’occasion de choisir ce qu’on veut faire de la société de demain : plus égalitaire ou plus autoritaire, plus de solidarité ou plus d’individualisme…

Ils signalent qu’il pourrait y avoir des mises à jour du livre car de nouvelles vagues sont attendues. Est-ce basé sur des estimations scientifiques ou sur une interprétation d’une boule de cristal ? Parmi les changements supposés : le retrait partiel de la mondialisation, la séparation croissante des USA et de la Chine, l’accélération de l’automatisation, les préoccupations relatives à la surveillance accrue (NDLR : et non simplement la surveillance accrue), l’attrait pour les politiques de bien-être, la montée du nationalisme et la crainte de l’immigration qui en découle, la montée de la puissance technologique.

Remarque : Il est perturbant de lire des phrases comme « Notre objectif était d’écrire un livre […] pour comprendre ce qui va se passer dans une multitude de domaines ». Tel que cela est formulé, les auteurs semblent être bien sûrs d’eux. Il aurait été prudent de remplacer « ce qui va se passer » par « ce qui pourrait se passer ». Le livre étant peut-être écrit dans la précipitation, on pourra excuser cette petite erreur de temps.

Le livre est structuré autour de 3 chapitres principaux :

  • Les 5 macros catégories principales
  • Les effets au niveau micro
  • Les conséquences au niveau individuel.

Chapitre 1 – Réinitialisation Macro

Les auteurs explorent 5 macro-catégories pour expliquer ce qu’il se passe dans le monde d’aujourd’hui et imaginent comment ce dernier pourrait évoluer.

Cadre conceptuel

P25, il est expliqué que, le monde d’aujourd’hui étant profondément interconnecté et en interdépendance, il ne s’agit pas de mener des actions locales mais bien globales. Ils prennent pour exemple la lutte contre le coronavirus qui s’est répandu mondialement (NDLR : Les barrière à l’entrée des pays sont inutiles puisque des insectes peuvent transporter le virus). Il en est de même dans le cadre d’une crise financière. Ils précisent qu’un événement apparaissant dans une catégorie peut avoir une influence sur d’autres catégories (risques économiques, géopolitiques, sociétaux, environnementaux, technologiques…). Un risque peut donc avoir un effet ricochet. Devant une telle interconnexion systémique, il est inutile d’aborder un problème ou d’évaluer un problème séparément des autres. C’est d’ailleurs une des faiblesses des recherches actuelles, c’est qu’elles se recentre essentiellement sur leur spécialité et ne sont pas assez interdisciplinaires.

P30, les auteurs expliquent que la mondialisation est responsable de cette interdépendance. En outre, le monde d’aujourd’hui va très vite. Les auteurs évoquent l’IoT qui relie déjà 22 milliards d’appareils. Quel que soit le domaine : crise, mécontentement social, marchés financiers, maladies infectieuses, tout va très vite. Nous sommes dans la culture de l’instantanéité. La durée de vie d’un produit ou d’une idée se réduit fortement. Il en va de même pour les grands changements systématiques. Ça démarre relativement doucement puis s’accélère de façon exponentielle. Les auteurs précisent qu’il faut s’attendre à cela avec la « réinitialisation macro ».

P34, les auteurs évoquent la théorie des systèmes complexe en citant Herbert Simon. La complexité dépend de 3 facteurs : la quantité de contenu informationnel et le nombre de composant du système, l’interconnexion entre ces informations et ces composants, l’effet de non linéarité (chaos). Ils illustrent cela avec la pandémie C19 qu’il est très difficile à modéliser. Ils reconnaissent que les différents modèles de pandémies donnent souvent des résultats très différents.

P38, ils expliquent que l’OMS, le WEF, le CEPI, et même certaines personnalités comme Bill Gates ont averti sur le risque de pandémie à venir, en se basant notamment sur ces aspects d’interconnexion de la grande vitesse à laquelle nous allons aujourd’hui. Ils ne développement pas davantage cette question. Ils reconnaissent ensuite que la complexité crée des limites à notre connaissance et à notre compréhension des choses.

Figure 1 Extrait du WEF_Global_Risk_Report_2020.pdf

La réinitialisation économique

Là encore les auteurs font référence à la peste noire. Ils disent que nous sommes confrontés à la plus grande catastrophe économique depuis 1945, sans le justifier.

P41, ils citent l’historien Simon Schama qui pensait que l’économie a toujours été en conflit avec les intérêts de la santé publique. La question est posée : « l’économie doit-elle mourir pour pouvoir revenir à une vie en bonne santé ? ».

Ils expliquent que les épidémies furent à l’origine des grandes réinitialisations de l’économie et du tissu social. Cependant, ils précisent que les guerres détruisent les capitaux et provoquent des taux d’intérêt plus élevés ce qui implique une plus grande activité économique, à l’inverse de ce que produirait une pandémie. Pour autant, d’autres facteurs entrent en jeu comme la technologie et il n’est pas évident d’appliquer ces mêmes lois à la pandémie de C19, surtout qu’à la date où livre a été écrit, les auteurs confessent manquer encore de données sur la dangerosité de ce virus (P.44).

P45, chose étonnante, les scénarios évoqués sont tous basés sur une fin de pandémie à 2022. Ils écrivent qu’une reprise économique ne pourra voir lieu tant que le virus ne sera pas détruit. Les auteurs estiment que les états doivent mettre les grands moyens pour lutter contre la pandémie afin de relancer l’économie avec une petit idée de « quoi qu’il en coute » chère à la Macronie. Ils précisent que les économistes sont d’accord pour dire que la santé des personnes est au cœur des préoccupations et que de cela dépend la reprise économique. Dès lors que les consommateurs s’inquiètent de quelque chose, cela se ressent dans la consommation. P.50, ils défendent le principe d’un confinement rigoureux en cas de pandémie.

P51, ils déclarent que la pandémie de C19 a infligé un cout d’arrêt rapide à l’activité économique mondiale, beaucoup plus rapide que ce qui a pu se passer dans les années 1930 ou même lors de la crise financière de 2008. En 2020, il n’aura fallu que 3 semaines pour constater une chute de la croissance du PIB, une explosion du chômage, etc. Ce fut la crise qui a provoqué la plus forte chute de l’économie mondiale en plus de 100 ans. C’est surtout le secteur du service qui a été touché.

P53, ils écrivent qu’un retour à la normale ne peut être envisagé sans un vaccin… Cela est présenté comme un fait indiscutable, sans pour autant le démontrer. Pourtant P.60, il est évoqué « un vaccin ou un traitement ». Leurs auteurs ne semblent pas donc figés sur une seule piste de sortie.

P60, les auteurs supposent que la récession induite par la pandémie va déclencher un remplacement du travail physique par des machines… Il est évoqué notamment l’IA comme si la technologie était mature et qu’on pouvait instantanément remplacer un opérateur humain par un chatbot avec le même résultat ! consternant.

P63, la question est posée concernant la « croissance » infinie attendue de l’économie.

La notion de recherche du bienêtre est ensuite réintroduite. Il est suggéré d’introduire dans le PIB la valeur créer dans l’économie numérique, la valeur créée par le travail non rémunéré ais aussi la v valeur potentiellement détruite par certains types d’activités économiques. Les auteurs rappellent que les inégalités de revenus s’accroissent et que le PIB n’est plus un bon indicateur de la qualité de vie des individus.

P67, ils évoquent ce qui a été proposé par la municipalité d’Amsterdam : le doughnut dans lequel le cercle intérieur représente le minimum dont nous avons besoin pour mener une vie agréable et le cercle extérieur le plafond écologique défini par les spécialistes du système terrestre. Ils évoquent un changement d’état d’esprit nécessaire pour éviter de toujours aller vers la croissance du PIB et au contraire de rechercher le bonheur dans l’immatériel, l’alimentation responsable, l’empathie et la générosité.

Il est proposé un modèle plutôt basé que la réparation des produits. Il est d’ailleurs constaté que les stratégies visant à recycler ou fabriquer des produits de vie plus longue en le vent en poupe. Il est recommandé aux gouvernements de soutenir les entreprises innovantes et créatives pour favoriser une nouvelle croissance.

P71, les auteurs font référence à la politique de décroissance de plus en plus en vogue aujourd’hui (manifeste signé par 1100 experts en 2020) agrémenté de quelques exemples : la baisse de la consommation de viande et la baisse des transports aériens. Les auteurs modulent un peu cette politique en signalant que l’approche doit favoriser malgré tout l’emploi, le niveau de vie et la préservation de la planète.

Ensuite, les mesures économiques prises par les différents états sont évoquées. Les auteurs rapportent que des mesures d’urgence ont été prises dès le début de la crise C19 pour lutter contre la pandémie avec « autant de dépenses que nécessaire » (dans l’idée de refaire partir l’économie). Ces mesures entrainent effectivement des déficits budgétaires importants avec une augmentation de la dette/PIB de 30% dans les économies riches. Il est même suggéré P74 d’aider les pays les plus défavorisés en allégeant leur dette.

P75, ils évoquent une probable inflation incontrôlable liée à la mise ne place de ces politiques fiscales et monétaires. La stimulation doit provenir d’une augmentation des déficits budgétaires. Cela signifie que les dépenses publiques vont augmenter et les recettes fiscales diminuer). Ils font référence à la théorie monétaire moderne (MMT) et à « l’helicopter money ». Les gouvernements émettront une partie de la dette que la banque centrale achètera. Si elle ne se revend jamais, elle équivaudra à un financement monétaire. Les gouvernements peuvent faire ce qu’ils veulent avec cet argent mais (P76) « une fois que les citoyens auront réalisé que l’argent peut se trouver sur un arbre à argent magique », les politiciens élus seront soumis à une pression publique féroce et implacable pour en créer toujours plus, et c’est alors que la question de l’inflation se posera ». Une limite haute est estimée à 5%.

P78, ils livrent quelques recettes d’économistes : le vieillissement, la technologie, le taux de chômage élevé (qui limite l’augmentation des salaires) exerce une pression à la baisse sur l’inflation. Cependant la baisse des revenus et l’incertitude quant à l’avenir sont susceptibles d’augmenter l’épargne. Les auteurs parient plutôt sur une faible inflation.

Les auteurs expliquent ensuite que la confiance mondiale dans le dollar américain est liée au fait que les USA profitent du grand privilège de conserver la réserve de change mondiale. Il y a une volonté des clients étrangers de détenir souvent des obligations américaines. Cela a permis aux USA d’emprunter à bon marché à l’étranger et de bénéficier de taux d’intérêts bas. Cela a permis aux américains de pouvoir consommer au-delà de leurs moyens. La crédibilité du dollar dépend aussi de la géopolitique et de l’attrait de son modèle social.

Certains analystes pensent que la pandémie pourrait être le début de la fin de domination du dollar. Le niveau d’endettement des USA est insoutenable et la confiance finira par s’éroder.

P82, ils pensent que le renminbi Chinois ne pourra pas remplacer le dollar ni l’Euro. L’Euro n’est pas une option tant que les doutes sur une implosion de la zone Euro ne subsistent. Ils évoquent aussi une potentielle monnaie numérique comme ce qui a été tenté en Chine en avril 2020 dans 4 villes.

La réinitialisation sociétale

Les auteurs estiment que le bouleversement sociétal déclenché par la C10+9 durera des années voire des générations. Henry Kissinger disait que « la cohésion et la prospérité des nations reposent sur la conviction que leurs institutions peuvent prévoir les catastrophes, endiguer leurs effets et restaurer la stabilité. Lorsque la pandémie de C19 sera passée, les institutions de nombreux pays donneront l’impression d’avoir échoué. ». Ils estiment que les pays pauvres notamment sont potentiellement exposés à une désintégration sociale et sociétale.

P86, les auteurs ne s’expliquent pas comment le virus a frappé fort dans certains pays et nettement moins dans d’autres. Ils s’avancent à citer quelques caractéristiques (discutables NDLR) de sociétés qui ont mieux réagit sur d’autres à ce virus.

Ils expliquent alors qu’il est encore trop tôt pour décrire avec précision la forme que prendra la réinitialisation sociale dans différents pays mais se risquent à délimiter certains contours. Ils estiment même que l’ère post pandémique inaugurera une période de redistribution des richesses des riches vers les pauvres. Ils pensent que cette pandémie mettra fin au néolibéralisme. Ils le définissent comme un système privilégiant la concurrence à la solidarité, la destruction créative à l’intervention gouvernementale, la croissance au bien-être social.

P89, il est écrit que le virus a agi comme un amplificateur, obligeant à reconnaitre la gravité des problèmes de l’inégalité. La pandémie a amplifié l’enjeu de l’injustice sociale. Ils citent pour exemple la classe ouvrière qui, pendant la pandémie, travaillait sur le terrain (nettoyage des hôpitaux, livraisons, vente ne magasin…) alors que les classes moyenne et supérieure pouvaient télétravailler et superviser l’éducation des enfants. En outre, les auteurs expliquent que la pandémie a davantage frappé les populations les plus modestes (au Michigan par ex) car ils ont des conditions de logement médiocres et souffrent davantage de problème d’obésité, de problèmes cardiovasculaires qui amplifient les effets graves de la pandémie. Il est même écrit que ce sont les individus dont la société a le plus besoin qui sont le moins valorisés.

P92, la question est posée : dans l’ère post-pandémique, est-ce que les inégalités vont s’accroitre ou diminuer ? Ils y répondent en partageant leurs craintes qu’à court terme, les personnes à faible revenu soient plus sensibles au maladies chroniques et aux déficiences immunitaires et que les grands laboratoires et les hôpitaux seront plus puissants que jamais. Ils craignent aussi que les politiques monétaires mondiales accroissent les inégalités de richesses eu augmentant le prix des actifs sur les marchés financiers et dans le secteur immobilier. Ils estiment cependant qu’à plus long terme, la tendance s’inverse car la prise de conscience des inégalités sera de plus en plus forte.

Ils citent pour exemple un gestionnaire de fonds spéculatifs qui peut gagner des millions de dollars par an alors qu’une infirmière qui fait un travail plus social et plus utile pour la société ne gagne qu’un salaire très modeste.

Dans un scénario optimiste, ils envisagent que la pression sociale et politique limite les inégalités mais en se fiant à l’histoire, ils estiment que ce scénario optimiste a peu de chance de se produire s’il n’est pas précédé de troubles sociaux conséquents.

Ils évoquent ensuite la probabilité d’une agitation sociale telle, qu’elle pourrait engendrer une désintégration de la société et une explosion de la violence.

P95, ils précisent que ces tensions sociales étaient déjà nées avant la période C19 mais que le contexte de pandémie a amplifié ce phénomène. Ils citent pour exemple le mouvement des gilets jaunes en France et ils écrivent sans détour que les mouvements contestataires ont, la plupart du temps, été réprimés brutalement. Cette colère n’a pas disparu. Elle a été mise en « coma artificiel » par les mesures de confinement. La crise sanitaire va donc probablement amplifier ces disparités et faire encore monter cette colère.

Ils citent pour exemple les manifestations du Black Lives Matter aux USA suite à l’assassinat de Georges Floyd en mai 2020 et suite à la mort de 100 afro-américains les 6 années précédente, durant une garde à vue.

P98, les auteurs estiment que les pays les plus « individualistes » comme les USA pourraient être plus susceptibles de connaitre des mouvements sociaux importants. La plus grande cause sous-jacente de l’agitation sociale est l’inégalité.

P100, en prenant pour exemple, les 5 derniers siècles, les auteurs expliquent que les crises sévères ont tendance finalement à renforcer le pouvoir de l’Etat et qu’il est probable que l’imposition augmente dans ce contexte de crise sanitaire, comme cela a été le cas par le passé. Ils citent les années 1944-1945 qui fixaient un taux d’imposition de 94% à tout revenu supérieur à 200.000 $, (en équivalent en 2009, ce serait 2,4 M°$). Ces taux sont restés supérieurs à 80% pendant 20 ans.

Ils expliquent que c’est souvent suite à un choc magistral (une grande guerre par ex) que des évolutions fortes se mettent en place. La seconde guerre mondiale a par exemple conduit à l’introduction de systèmes publics de protection sociale. Ces dernières décennies, ils précisent que le rôle de l’Etat a diminué. Les auteurs expliquent qu’il n’est pas possible de traiter un choc comme celui du C19 avec les solutions du marché (en mode néolibéral autorégulé NDLR). L’ère postpandémique nous amènera à repenser le rôle des gouvernements. Ils doivent veiller à ce que les partenariats avec les entreprises impliquants des fonds publics soient motivés par l’intérêt public et non par le profit.

En avril 2020, les gouvernements du monde entier avaient annoncé des programmes de relance s’élevant à plusieurs billions de dollars (l’équivalent de 9 ou 9 plans Marshall) : maintien des salaires, suspensions des prêts… Les banques centrales se sont engagées à réduire les taux et à fournir les liquidités nécessaires.

P104, à l’avenir, les auteurs estiment qu’il faudra davantage de filets de sécurité sociale (allocation chômage prolongée, congés maladie…). Ils écrivent que la financiarisation du monde qui avait tant progressé ces dernières années va probablement s’inverser, citant pour ex, les USA et la GB. Ils supposent aussi que l’intervention de l’Etat va s’accroitre, notamment dans le monde des affaires privées. Ils pensent que la fiscalité va s’accroitre notamment pour les plus riches.

La question du contrat social est abordée. Il s’agit de l’ensemble des dispositions et des attentes qui régissent les relations entre les individus et les institutions. Les auteurs écrivent que dans le monde, le taux d’inflation a baissé globalement pour de nombreux biens et services exceptés pour le logement, la santé et l’éducation. Aujourd’hui le moral est sapé essentiellement pour des questions d’inégalité, d’inefficacité de la plupart des politiques de redistribution et un sentiment général d’injustice. Cela conduit à certains endroits à des manifestions ou des victoires de parties populistes et extrémistes. Ils écrivent que des solutions politiques existent, consistant notamment à donner du pouvoir aux gens et en répondants à des demandes de contrat social plus juste. Si un nouveau contrat social prendra des formes différentes selon la géographie et la culture, deux formes se distinguent :

  • Une offre plus large d’assistance sociale, d’assurance sociale, de soin de santé et de servie de base de qualité
  • Une évolution vers une protection renforcée des travailleurs et des personnes les plus vulnérables (il est fait référence indirectement à l’uberisation.

P112, ils réexpliquent que la période post-covid sera l’occasion de mettre en place ces nouvelles politiques, citant l’exemple de l’arrêt maladie qui favorise une bonne maitrise de l’épidémie car les gens hésitent moins à s’arrêter de travailler pour s’isoler.

Ensuite, la question de la surveillance accrue est abordée. Il est écrit « un état d’urgence ne peut être justifié que lorsqu’une menace est publique, universelle et existentielle ». Ils écrivent ensuite que « les théoriciens politiques soulignent souvent que des pouvoir extraordinaires nécessitent une autorisation du peuple et doivent être limités dans le temps et raisonnables ». Les auteurs ne semblent pas d’accord avec cette deuxième phrase.

Ils avancent ensuite que c’est la nouvelle génération qui va réagir fortement en proposant des solutions radicales pour le changement climatique ou les inégalités sociales. Ils ajoutent que l’activisme des jeunes se développe dans le monde entier et que ce sera probablement le catalyseur du changement et une source d’impulsion pour la Grande Réinitialisation.

La réinitialisation géopolitique

P116 : Les auteurs expliquent qu’il y a une connectivité entre la géopolitique et les pandémies. Ils disent que le vide dans la gouvernance mondiale et la montée de différentes formes de nationalisme rendent plus difficile la lutte contre l’épidémie. Ils expliquent que pour un virus, la lutte doit être mondiale sinon ça limite la capacité à éradiquer l’épidémie.

Ils évoquent un chaos mondial exacerbé par la montée en puissance de la Chine face aux USA. Selon eux, cette confrontation sera source de désordre et d’incertitude à l’échelle mondiale pour des années à venir. Ils voient du bon dans l’hégémonie américaine arguant que la présence d’un puissant impose un « ordre » à l’échelle mondiale…

Ils écrivent même que si aucune puissance ne peut faire respecter l’ordre, notre monde souffrira d’un déficit d’ordre mondial. Les auteurs expliquent que la crise du C19 aura des conséquences et qu’aucun scénario extrême ne peut être écarté. Ils évoquent même une possible effondrement de l’Union Européenne et une rupture entre les USA et la Chine menant à la guerre. Ils tempèrent un peu en disant « espérons-le, ces scénarios sont peu probables).

Les auteurs abordent ensuite 4 questions :

  • L’érosion de la mondialisation
  • L’absence de gouvernance mondiale
  • La rivalité croissante entre la Chine et les USA
  • Le sort des états fragiles et défaillants

Concernant l’érosion de la mondialisation :

S’il semble impossible de mettre un terme à la mondialisation, les auteurs pensent qu’il est possible de la faire reculer. La crise du C19 semble aller dans ce sens. Ils craignent cependant une montée du nationalisme. Selon eux, combiner l’intégration économique et la démocratie implique que des décisions importantes soient prises à un nouveau supranational. Les nations se rendent comptes que les situations de dépendance commerciale ne sont plus politiquement acceptables. Ils illustrent ce propos en disant que 97% des antibiotiques aux USA proviennent de Chine. Une relocalisation prendra du temps et coutera cher, tant pour les usines que pour les infrastructures routières ou logements à mettre en place pour cette même occasion.

P123, les auteurs évoquent le concept de régionalisation, comme dans l’UE qui est un mixte entre la relocalisation nationale et la mondialisation. Réduire les chaines d’approvisionnement à longue distance fait sens, d’autant plus que les échanges au sein de l’Asie augmentent puisqu’ils consomment davantage ce qu’ils produisent. En 2019, les échanges commerciaux se sont intensifiés entre les USA et la canada et entre les USA et le Mexique, au détriment de la Chine. Autrement dit, la dé-mondialisation était déjà amorcée avant la pandémie.

Il semble évident pour eux que les considérations protectionnistes seront de plus en plus présentes dans l’ère post-covid. Il convient de travailler progressivement sur cette démondialisation pour éviter les problèmes politiques et commerciaux. Les auteurs font alors référence au concept de gouvernance mondiale, qui, selon eux, serait la solution. Ils citent aussi le cas de la coopération internationale, les accords environnementaux, la santé publique et les paradis fiscaux. Ils prônent, pour cela, d’améliorer le fonctionnement et la légitimité des institutions mondiales.

P128, ils définissent le concept de gouvernance mondiale comme le processus de coopération entre des acteurs transnationaux visant à apporter des réponses aux problèmes mondiaux. Elle englobe l’ensemble des institutions politiques, normes, procédures et initiatives par lesquelles les Etats tentent d’apporter plus de prévisibilité et de stabilité à leurs réponses aux défis transnationaux. L’ONU affirme qu’une gouvernance mondiale efficace ne peut être réalisée qu’avec une coopération internationale efficace. Ils semblent s’émouvoir que personne n’est actuellement aux commandes du monde. P130, ils citent pour exemple l’échec de gouvernance mondiale lors de la pandémie de C19.

La question de « Qui dirigerait cette organisation mondiale ? » n’est pas abordée. Il est peu probable que des pays comme la Chine ou La Russie acceptent de céder leur autorité à un ordre mondial !

P132, ils rappellent que les USA ont retiré leur financement à l’OMS et que l’OMS travaille aujourd’hui avec bien peu de ressources. Ils citent un tweet de Bill Gates assurant que l’OMS est indispensable et que leur travail ralentit la propagation de la C19. Les auteurs enfoncent le clou et invitent à créer une coopération internationale, qui leur semble indispensable.

Concernant la rivalité avec la Chine, p134, ils utilisent le terme de « guerre froide » entre les USA et la Chine. Ils soulignent que contrairement à la Russie, la Chine ne cherche pas à imposer son idéologie au monde entier. Cette remarque semble quelque peu hors de propos à cet endroit et purement « gratuite ». Ils insistent en écrivant que la pandémie a exacerbé la rivalité entre les USA et la Chine et citent Wang Jisi qui écrivant que les relations entre les deux super puissances sont à leur pire niveau depuis 1979. Singapour est à la croisée des intérêts de diverses grandes puissances. Les pages qui suivent développent 3 scénarios de qui vaincra entre la Chine et les USA.

P145, ils estiment que la pandémie pourra faire des ravages, notamment dans les pays les plus pauvres, ce qui, pour le moment au T4 2022, ne s’est pas encore justifié.

Ils évoquent alors l’impact que peut avoir la pandémie dans les pays producteurs d’énergie comme la Russie ou l’Arabie Saoudite. Ils ajoutent que pour d’autres pays, vivant aussi du tourisme, le choc sera dur. Ils évoquent la possibilité d’une crise alimentaire liée à la pandémie mais qui ne s’est pas produit non plus à ce jour. Les restrictions de déplacements pourraient avoir des impacts fort avec une augmentation du chômage et contribuer à nourrir les troubles sociaux. Des experts comme David Beasley avait anticipé des famines « aux proportions bibliques », notamment dans des pays comme le Yémen, le Congo, le Venezuela, Haïti, etc. La banque mondiale avait estimé l’impact des confinements et de l’hibernation économique pour de nombreux pays.

P149, ils rappellent que le secrétaire général de l’ONU avait lancé un appel le 23/3/20 pour un cessez le feu mondial mais celui-ci na pas trouvé d’écho.

Réinitialisation environnementale

P.150, ils mettent en avant l’équilibre subtil et les interactions complexes entre l’humanité et la nature. A l’image de la pandémie, un bouleversement climatique engendrerait des perturbations des échanges et des chaines d’approvisionnement.

Ces risques sont systémiques, peuvent se propager rapidement et amplifient conjointement d’autres risques. Ils peuvent donc avoir des effets catastrophiques et il est difficile d’estimer leurs effets.

Ils précisent que concernant les risques environnementaux, il est difficile d’attribuer une causalité directe à un évènement spécifique et les scientifiques ne sont pas toujours d’accord.

Les auteurs écrivent que les citoyens auront plus de mal à accepter des politiques contraignantes pour les risques environnementaux qui ne sont pas totalement prouvés (la communauté scientifique est en effet divisée NDLR), tandis que pour une pandémie, une majorité de citoyens acceptera des mesures coercitives. Ils ajoutent qu’une lutte contre une pandémie ne change pas de façon substantielle nos habitudes de consommations alors que c’est le cas pour une lutte contre des risques environnementaux.

Les auteurs font références aux maladies zoonotiques et à la destruction de la biodiversité. « Nous perturbons les écosystèmes, et nous débarrassons les virus de leurs hôtes naturels. Lorsque cela se produit, ils ont besoin d’un nouvel hôte. Et c’est souvent nous qui jouons ce rôle ». Les spécialistes estiment que les maladies zoonotiques ont quadruplé au cours des 50 dernières années. Il nous incombe donc de repenser notre relation avec la nature.

P157, la question de la pollution de l’air est abordée.  Selon l’OMS, 90% de la population mondiale respire un air qui ne répond pas à ses directives de sécurités. Il y aurait un lien entre la pollution atmosphérique et l’aggravation de l’impact de tout coronavirus. Ils font référence à une étude publiée en 2003. Ainsi, les habitants des régions les plus polluées pourraient être plus sensibles aux virus respiratoires, tels que le Sars-Cov-2. Les auteurs précisent cependant que cela reste à confirmer par de nouvelles études (une nouvelle étude allant dans ce sens est sortie en novembre 22, NDLR).

P158, ils abordent la question du confinement et de l’émission de carbone.  L’AIE estime dans son rapport Global Energy Review que les baisses d’émissions de CO2 en 2020 auraient dû diminuer de 8% dues aux confinements.

NDLR : L’étude “Near-real-time monitoring of global CO2 emissions reveals the effects of the COVID-19 pandemic”, publiée le 14/10/20 semble le confirmer : https://www.nature.com/articles/s41467-020-18922-7 mais elle est prédictive. Elle situait entre 4% et 7% la baisse annuelle des émissions de CO2 pour 2020. Cependant, l’ONU a indiqué le 23 novembre 2020 que le ralentissement industriel dû à la pandémie de Covid-19 n’a pas freiné l’augmentation record des concentrations de CO2, le principal gaz à effet de serre persistant dans l’atmosphère… https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pollution/concentration-record-de-co2-en-depit-du-confinement-lie-au-covid-19_149364

Les auteurs interprètent ces faibles résultats : il semble que les petites actions individuelles ont peu d’importance par rapport à l’ampleur des émissions générés par l’électricité, l’agriculture et l’industrie (les gros émetteurs qui ont continué à fonctionner durant le confinement).

Ils écrivent que le total des émissions de carbone générées par la production d’électricité nécessaire pour alimenter nos appareils électroniques et transmettre les données est à peu près l’équivalent de celui de l’industrie aérienne mondiale ! En conséquence, on peut en déduire que le confinement de un tiers de la population mondiale pendant 1 mois n’est pas une stratégie de décarbonisation viable. Ils invitent donc à combiner :

  • Un changement systémique radical de notre façon de produire l’énergie
  • Des changements structurels dans notre consommation

Ils invitent donc à changer nos habitudes (voiture, avion, nourriture, chauffage…). Ils invitent à travailler à distance, prendre le vélo, marcher, prendre des vacances plus près.

P161, ils étudient deux scenarios pour l’époque post-pandémie :

  • On relance l’économie au détriment de l’écologie
  • On en profite pour redessiner une économie plus durable pour le bien de nos sociétés.

P164, ils paraphrasent Nicholas Stern, président du Grantham Reseach Institute on Climate Change, et expliquent qu’il est nécessaire d’apporter des changements car il y a aura surement d’autres pandémies.

Les auteurs invitent alors à changer durablement en adoptant un mode de vie plus « vert », par ex, en utilisant au maximum le télétravail. L’activisme pourrait s’en trouver renforcé.

P166, ils réitèrent en disant que les situations d’urgence s’avèrent être la forge dans laquelle de nouvelles idées et opportunités sont martelées. Ils pensent que la pandémie pourrait accélérer le passage à des énergies plus propres. Le plan de relance post-pandémique pourrait stimuler une économie plus verte.

Réinitialisation technologique

Les auteurs font référence à la publication en 2016 de « La quatrième révolution industrielle » : l’IA, les drones, la génétique, les biotechnologies, la robotique…

P172, les auteurs estiment que la pandémie va accélérer cette révolution industrielle. Ils attirent l’attention sur l’aspect « vie privée ». Ils citent l’exemple du « traçage de contact », formidable outil pour combattre les pandémies mais aussi problématique pour la vie privée et la surveillance de masse.

D’une manière générale, la pandémie et notamment le confinement ont accéléré le développement des usages numériques (éducation, shopping, médecine en ligne, loisirs en lignes…). Des secteurs sont en mutation comme le cinéma (le streaming), la livraison à domicile, les visioconférences, …

P177, ils supposent que si les pays raccourcissent leur chaine d’approvisionnement, l’introduction de robots et l’automatisation d’une manière générale devrait s’accroitre et la pandémie a démontré l’intérêt d’une automatisation pour réduire les risques pour la santé des employés. Les auteurs évoquent même une prochaine généralisation des robots de livraison.

Ils vantent ensuite les mérites des applications de traçage durant la pandémie. Ils disent aussi que le confinement peut être efficace pour réduire les taux de reproduction du virus mais qu’il a évidemment un cout économique et sociétal très élevé. Ils ajoutent que pour lutter contre cette pandémie, il faut vite trouver un traitement ou un vaccin. Ils reviennent alors sur la problématique en termes de vie privée de ces applications de traçage. Ils expliquent que la Chine ou la Corée ont mis en place des mesures de coercitives et intrusives de traçage, sans le consentement des utilisateurs et ont même utilisé la vidéosurveillance. Ils citent l’application open source TraceTogether qui semble un bon compromis entre respect de la vie privée et efficacité.

P186, ils ajoutent que ces applications de traçage ne seront utilisées massivement par les citoyens que s’ils la jugent digne de confiance mais que cela est fortement dépendant de la confiance accordée au gouvernement et aux autorités publiques ! Ils citent l’application française StopCovid qui a eu un très faible taux d’adoption et de fréquentes désinstallations. Il y aurait 5,2 milliards de smartphones dans le monde donc sur le fond, l’idée était bonne pour contenir le virus.

La confiance dans les entreprises ne semble pas non au rdv. Les citoyens savent qu’on invoque la santé ou la sécurité pour justifier une surveillance accrue mais que la mise en place de la technologie de surveillance risque de rester après la fin de la pandémie.

Ils évoquent l’attentat du 11/09/01 qui a justifié des caméras de surveillance partout, des cartes d’identité numériques, etc. Les mesures jugées extrêmes à l’époque sont restées et sont devenues « normales ». Les analystes pensent qu’un monde dystopique nous attend.

Les auteurs évoquent alors un compromis à trouver entre sécurité (et même la vie) et la surveillance. Ils pensent que la plupart des gens accepteront la surveillance pour privilégier la survie.

P190, ils expliquent, qu’en effet, au cours des dernières années, les gouvernements et les entreprises ont utilisé des technologies de plus en plus sophistiquées pour surveiller et parfois manipuler les citoyens et les employés. Ils appellent donc à la vigilance sur ce point car il se pourrait que nous soyons bientôt victimes de nouveaux pouvoirs de surveillance qui pourraient être reconvertis comme moyen politique à des fins plus sinistres. Ils écrivent que certains penseurs s’inquiètent de la facon dont certains choix rapides que nous faisons aujourd’hui influenceront nos sociétés pour les années à venir. Parmi eux, ils citent l’historien Yuval Noah Harari[1] : « Surveillance technology is developing at breakneck speed, and what seemed science-fiction 10 years ago is today old news. As a thought experiment, consider a hypothetical government that demands that every citizen wears a biometric bracelet that monitors body temperature and heart-rate 24 hours a day. The resulting data is hoarded and analysed by government algorithms. The algorithms will know that you are sick even before you know it, and they will also know where you have been, and who you have met. The chains of infection could be drastically shortened, and even cut altogether. Such a system could arguably stop the epidemic in its tracks within days. Sounds wonderful, right? The downside is, of course, that this would give legitimacy to a terrifying new surveillance system. If you know, for example, that I clicked on a Fox News link rather than a CNN link, that can teach you something about my political views and perhaps even my personality. But if you can monitor what happens to my body temperature, blood pressure and heart-rate as I watch the video clip, you can learn what makes me laugh, what makes me cry, and what makes me really, really angry. It is crucial to remember that anger, joy, boredom and love are biological phenomena just like fever and a cough. The same technology that identifies coughs could also identify laughs. If corporations and governments start harvesting our biometric data en masse, they can get to know us far better than we know ourselves, and they can then not just predict our feelings but also manipulate our feelings and sell us anything they want — be it a product or a politician. Biometric monitoring would make Cambridge Analytica’s data hacking tactics look like something from the Stone Age. Imagine North Korea in 2030, when every citizen has to wear a biometric bracelet 24 hours a day. If you listen to a speech by the Great Leader and the bracelet picks up the tell-tale signs of anger, you are done for.”

Ils citent ensuite Evgeny Morozov qui craint que « la pandémie laisse entrevoir un avenir de surveillance étatique techno-totalitaire ».

Les auteurs concluent ce chapitre en écrivant que « les scénarios dystopiques ne sont pas une fatalité […] et qu’il appartient à ceux qui gouvernent et à chacun d’entre nous personnellement de contrôler et d’exploiter les avantages de la technologie sans sacrifier nos valeurs et libertés individuelles et collectives ».

Chapitre 2 – Réinitialisation Micro (industries et entreprises)

Le choc lié à la période C19 risque d’être plus dur pour les petites entreprises qui n’ont pas beaucoup de trésorerie cependant elles ont l’avantage de la flexibilité.

Cette crise économique est l’occasion de changer les pratiques (limiter les voyages, privilégier le télétravail, comment être plus agile…).

Micro-tendances

Les auteurs poussent à l’adoption du numérique. Ils citent des entreprises comme Netflix, Amazon, Alibaba ou Zoom qui ont largement amélioré leur résultat durant la crise. Le secteur de la télémédecine ou de l’enseignement à distance s’est bien développé. Le revers de la médaille est que le commerce traditionnel en boutique va probablement continuer à régresser.

Ils expliquent que toute entreprise dont la rentabilité dépend du principe de la chaine d’approvisionnement mondiale en flux tendus devra repenser son mode de fonctionnement et probablement sacrifier l’idée de maximiser l’efficacité et les profits au nom de la sécurité des approvisionnements et de la résilience. Ils citent les secteurs de l’automobile, l’électronique et l’outillage industriel.

P206, ils indiquent que dans l’ère post-pandémique, les entreprises seront soumises à une ingérence gouvernementale (bienveillante ou non) plus importante que par le passé. A titre d’exemple, toute aide financière de l’Etat sera assortie à des clauses limitant le licenciement. Les auteurs citent le cas des compagnies aériennes américaines qui ont sollicité l’aide du gouvernement et qui ont utilisé les liquidités pour payer les dividendes aux actionnaires. Ces pratiques seront amenées à disparaitre. Ils citent le cas de la Lufthansa dans laquelle le gouvernement a injecté des liquidités mais à la seule condition que l’entreprise limite la rémunération des dirigeants et s’engage à ne pas verser de dividendes.

Les auteurs pensent que partout dans le monde, la pression pour améliorer la protection sociale et le niveau des salaires va augmenter. Les entreprises devront à l’avenir satisfaire aussi bien les salariés que les actionnaires. Les stratégies des entreprises sont divergentes. L’avenir nous dira quelle stratégie était la bonne. L’activisme aura probablement une influence sur la stratégie des grandes entreprises.

P210, ils évoquent la diversité homme-femme et les scandales #MeToo. Ils pensent que les considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) doivent être une préoccupation forte des conseils d’administration.

Ils citent Leo Strine, un juge américain influent dans le monde des affaires « Nous payons à nouveau le prix d’un système de gouvernance d’entreprise qi ne pet pas l’accent sur al solidité de gouvernance, la création de richesse durables et le traitement équitable des travailleurs. Pendant trop longtemps, le pouvoir de la bourse sur notre économie s’est accru au détriment des autres parties prenantes, en particulier les travailleurs. ». Il ajoute que « Satisfaire la demande insatiable des marchés boursiers a également entrainé une augmentation des niveaux d’endettement des entreprises et du risque économique ».

P214, les auteurs expliquent que l’activisme a aussi des effets au sein des entreprises. Ils citent pour exemple des employés de Google qui ont réussi à convaincre l’entreprise de ne plus construire d’algorithme d’IA au service de l’extraction de pétrole et de gaz.

Réinitialisation industrielle

Les auteurs expliquent que les secteurs les plus touchés par la pandémie seront ceux liés aux services ne pouvant pas être « virtualisés » (hôtels, restaurants, magasins, lieux culturels, compagnies aériennes…). Si ces lieux ferment, c’est toute la communauté locale qui est impactée. Plus le chômage augmente, plus la demande se tarit. L’effet domino peut être rapide et très impactant.

Développant le cas des restaurants, ils supposent que les grandes chaines arriveront à survivre car elles ont plus de ressources alors que les petites entreprises fermeront, faute de pouvoir s’adapter. Il y aura aussi un impact indirect sur les fournisseurs. Au bout d’un certain temps, il se peut que les grandes chaines se retrouvent renforcées puisque la concurrence diminuera.

Les compagnies aériennes et les aéroports (mais aussi l’aérospatiale) pourraient être en grande difficulté. Ils évoquent British Airways qui devait se séparer de 30% de ses effectifs (le livre fut écrit en juin 2020).

Ils évoquent ensuite le cas du loueur de véhicules Hertz qui a déposé le bilan en juillet 2021 (Cette entreprise était dans le cadre du chapitre 11 sur les faillites et est sorti de la procédure de faillite par la suite NDLR).

Les changements de comportement des consommateurs font ensuite l’objet d’une analyse. Les auteurs supposent que les achats de véhicules vont être différés et un choix sur des transports plus « verts » pourraient se dégager.

P224, ils supposent que les consommateurs peuvent avoir appris du confinement et certains d’entre eux pourraient conserver le mode « do it yourself » et dépenser avec plus de prudence à l’avenir. Il est envisageable aussi que les habitués des restaurants changent leurs habitudes et préfèrent dans l’avenir se faire livrer ou se préparer un repas à la maison en profitant d’une chaine comme Netflix.

Ils proposent un petit schéma des réactions en chaine d’un changement de comportement (plus de présence à la maison). Source Reeves, Martin, et al. « Sensing and Shaping the post-COVID Era”, 3/4/20.

Enfin, Ils envisagent la possibilité que des citadins migrent progressivement vers la compagne pour trouver un air plus sain et disposer d’un peu plus d’espace, le télétravail favorisant cette migration. Il se peut que le prix des logements en ville chute en conséquence sur plusieurs années.

P229, ils anticipent un fort développement de l’enseignement a distance. Ils estiment que les grandes universités (modèle anglo-saxon) devront modifier leur modèle économique ou mettre la clé sous la porte. De nombreux étudiants refuseraient de payer une petite fortune un enseignement « virtualisé ». La solution pourrait reposer sur un modèle hybride. Il serait regrettable d’effacer un aspect important de la vie sociale et des interactions personnelles sur un campus.

Dans l’ensemble, la Big Tech a bien résisté à la pandémie. Les auteurs estiment aussi que le secteur du bien-être devrait se développer. Ils pensent qu’il y a aussi une prise de conscience sur le « manger mieux ». Le sport étant lié au bien-être devrait aussi tirer son épingle du jeu. C’est aussi un bon outil d’intégration sociale.

Ils évoquent alors brièvement le secteur énergétique qui devra se transformer pour se préparer à la transition énergétique.

Le secteur bancaire semble les soucier car avec la pandémie, le risque s’est développé. Elles doivent se préparer à une crise de liquidité. Le volume de prêt non productif devrait commencer à augmenter.

P235, ils évoquent aussi les risques croissants en matière de cybersécurité. Ils signalent que dans le secteur de l’assurance, de nombreuses demandes d’indemnisation liée au C19 ont été faites. Le secteur de l’assurance a estimé en mai 2000 que la pandémie pourrait couter plus de 200 milliards de dollars, ce qui en fait un des évènements les plus couteux de l’histoire des assurances.

Chapitre 3 – Réinitialisation individuelle

P242, la pandémie a profondément bouleversé les habitudes, les liens avec les proches, etc. Elle a ébranlé les sentiments de sécurité économiques et parfois psychologique et physique. Les psychologues expliquent qu’un fort évènement transformateur a la capacité de faire ressortir le meilleur et le pire en nous. Dans l’histoire, on peut observer que si les catastrophes diverses rassemblent les gens, les pandémies les éloignent car elles suscitent toujours un sentiment de méfiance. Pour autant, il a été constaté de nombreux cas d’entraide et de soutien aux personnes dans le besoin. L’altruisme semble même s’être développé en parallèle d’un sentiment global d’incertitude.

Les auteurs écrivent « D’après les psychologues, la fermeture cognitive implique souvent une façon de penser en noir et blanc et des solutions simplistes – un terrain propice aux théories du complet et à la propagation de fausses rumeurs, de fausse nouvelles, de demi-vérités et d’autres idées pernicieuses. […] Dans des conditions de stress, l’attrait pour de la cohésion et de l’unité augmente, ce qui nous amène à nous regrouper autour de notre clan ou de notre groupe, et à devenir généralement plus sociable en son sein mais en en dehors ».

Ils ajoutent que notre attachement à nos proches se renforce mais que cela déclenche également une montée des sentiments patriotiques et nationalistes. Ils évoquent alors l’auteur turc Orhan Pamuk (prix Nobel de littérature en 2006) dont le dernier ouvrage, « Nights of Plague » raconte comment les gens ont toujours réagi aux épidémies en répandant des rumeurs ou de fausses informations et en présentant la maladie comme étrangère et introduite avec des intensions malveillantes. Cette attitude nous amène à chercher des boucs émissaires.

Les auteurs ne savent pas, au final, si la pandémie va provoquer un repli sur soi ou au contraire un développement de la solidarité.

P246, ils évoquent les choix moraux auxquels les gouvernements sont confrontés (utilitarisme ou libertarianisme). Ils posent même la question « Est-il normal de mentir au public pour le plus grand bien ? ». En cas de pandémie, certains courants de pensée estiment qu’il faut privilégier l’économie avant la protection sanitaire car les récessions tuent des gens. C’est notamment vrai aux USA qui n’ont pas de filet de sécurité sociale. En effet, il est nécessaire d’avoir un revenu pour avoir un moyen de subsistance. La question de privilégier la santé sur l’économie est débattue par de nombreuses personnes, notamment des professeurs de bioéthique. Peter Singer par exemple (auteur de The Life You Can Save) adhère à la théorie selon laquelle nous devrions prendre en compte le nombre d’années de vies perdues et pas seulement le nombre de vies perdues.

P251, la question du port du masque est abordée. D’une « nécessité » épidémiologique, c’est devenu une affaire politique car considérée comme une atteinte à la liberté individuelle mais c’est aussi un choix moral. Il est abordé ensuite la question de l’équité et de l’intervention de l’état sur le marché en cas de manque de produits essentiels. Ils citent les prix Nobel Daniel Kahnelan et Richard Thaler qui sont arrivés à la conclusion que la hausse des prix en cas d’urgence est tout simplement inacceptable d’un point de vue sociétal. Certaines grandes enseignes comme Amazon ont d’ailleurs interdit les prix abusifs. Certaines grandes chaines de distributions ont répondu aux pénuries non pas en augmentant le prix des marchandises mais en limitant la quantité qu’un client pouvait acheter.

Santé mentale

La pandémie a eu un effet dévastateur sur la santé mentale de certaines personnes (suicides, psychoses, troubles addictifs…). Déjà les spécialistes avaient constaté une augmentation des cas durant les années qui précédaient la pandémie. Par exemple, entre 2017 et 2018 au Royaume-Uni, le stress, la dépression et l’anxiété ont représenté 57% des journées de travail perdues pour cause de maladie.

Durant cette pandémie de C19, les médias en faisaient un sujet récurrent, ce qui alimentait le stress permanent.

Les gestes, autrefois anodins et quotidiens comme se serrer la main étaient déconseillés. D’une manière générale les relations sociales ont été fortement impactées par les confinements et la distanciation physique. Il en résulte un sentiment de solitude et d’isolement. Ce stress dure au-delà du confinement ou même de la pandémie. Les psychologues rapprochent cela du « syndrome du troisième quart ». Les auteurs rappellent qu’au moment où le livre est écrit (juin 2020), il est encore difficile d’évaluer l’impact de la pandémie en termes de santé mentale (NDLR : L’augmentation des suicides ou des cas de dépression chez les adolescents est manifeste).

Ils soulignent d’ailleurs que les abus domestiques, en particulier à l’égard des femmes risquent d’augmenter tout au long de la pandémie. Les statistiques ont en effet montré cela, tout comme une augmentation du nombre de divorces durant les confinements, NDLR.

P258, Ils évoquent un article du Lancet publié en mars 2020 qui postulait que les mesures de confinement entraineraient une série de problèmes de santé mentale comme le traumatisme, la confusion et la colère.

De nombreux troubles furent déclenchés par des événements directement ou indirectement liés à la pandémie : isolement, solitude, peur d’attraper la maladie, perte d’emploi, deuil d’un proche, inquiétudes diverses…

Les auteurs abordent alors la question des conversations vidéo. Si elles ont pu sauver la vie professionnelle, ils ont aussi généré un phénomène d’épuisement mental. En présentiel, nous captons des informations (signes non verbaux) comme l’orientation du corps, les petits signes du visage, le regard, les mouvements des mains, etc. Tous ces signes aident à comprendre mieux la situation. En distanciel, nous captons moins ces informations et cela nous oblige à nous concentrer davantage sur les mots eux-mêmes.

Changement de priorité

P263, les auteurs rappellent que « dans les périodes d’adversités, l’innovation prospère souvent, la nécessité a longtemps été reconnue comme mère de l’invention. Ils saluent au passage le travail héroïque des soignants.

Ils pensent que la pandémie de C19 nous a obligé à ralentir et nous a donné l’occasion de réfléchir, loin du rythme et de la frénésie de notre monde ». C’est l’occasion de repenser la façon dont nous vivons, élevons nos enfants, gérons notre santé… Sommes-nous trop centrés sur nous-mêmes, accordons-nous trop de temps à notre carrière ? Sommes-nous esclaves du consumérisme ?

Les auteurs évoquent alors quelques changements possibles (tout en précisant que la probabilité reste faible qu’ils se réalisent)

La créativité. Ils font référence à Nietzsche et, même si ce n’est pas toujours vrai, expliquent que certains parmi ceux qui survivront à la pandémie en ressortiront plus forts. Etre présent au bon moment et faire preuve d’un esprit créatif. Ils supposent que sur les années qui suivront la pandémie, on observera une grande créativité dans les startups IT et biotech. Il pourrait en être de même dans le domaine des sciences et des arts. Ils citent alors quelques scientifiques et auteurs qui ont mis a profit leur retraite durant une pandémie pour produire des recherches ou des œuvres de qualité.

Ils tiennent alors une thèse discutable comme quoi la pandémie a changé notre notion du temps. Nous aurions alors pris conscience des bons moments passés entre amis, en famille, etc. Pour eux, la réinitialisation à l’ère post-pandémique nous ferait rechercher un plus grand bonheur.

Ils reviennent alors sur un changement probable de nos habitudes de consommations. Les analystes ne sont pas tous en phase sur ce point. Ils surenchérissent sur une prise de conscience pour un monde plus vert, sur les inégalités, etc. La consommation ostentatoire pourrait bientôt faire partie du passé. Les psychologues ou les économistes du comportement arrivent souvent à la même conclusion : la surconsommation n’est pas synonyme de bonheur.

P272, ils prônent un retour aux fondamentaux, passer du temps dans la nature, etc. Ils invitent à consommer de manière respectueuse pour l’environnement. Ils font alors un petit rappel « médical » en disant que l’immunité tend à diminuer avec l’âge et qu’il faut limiter les inflammations pour minimiser les maladies. Il est établi que le manque de connexion à la nature est un facteur contribuant à une plus grande inflammation. De nombreuses études attestent que passer du temps dans la nature, bien s’alimenter et faire de l’exercice peuvent ralentir notre déclin biologique. Ils rappellent qu’il faut éviter les aliments transformés.

Conclusion

P277, comme dans toute conclusion, les auteurs font un petit récap de ce qui a été développé dans le livre. Ils précisent « nous ne pouvons pas savoir à quoi ressemblera le monde dans 10 mois, encore moins dans 10 ans mais ce que nous savons, c’est que si nous ne faisons rien pour réinitialiser le monde d’aujourd’hui, celui de demain sera profondément touché. ». La pandémie est, selon eux, l’opportunité de réfléchir à notre avenir. Réimaginer et réinitialiser le monde ». Ils prônent un monde moins clivant, moins polluant, moins destructeur, plus inclusif, plus équitable et plus juste. Ils invitent chacun de nous à œuvrer pour que le monde aille dans ce sens.

P281, ils relativisent en écrivant que le virus a bien sûr été une catastrophe pour des millions de personnes touchées mais que c’est aussi une des pandémies les moins meurtrière que le monde est connu au cours des 2000 dernières années (pour rappel, ce livre est écrit en juin 2020, NDLR).

 

[1] Yuval Noah Harari est considéré par certains complotistes, notamment français, comme étant « le pape du transhumanisme et l’instigateur d’un plan visant à établir un Nouvel Ordre Mondial ».