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Effets indésirables des IPP

in Actualité, Sciences

Le syndrome de reflux gastro-œsophagien (RGO) est une maladie chronique. Les symptômes (brûlures, régurgitations…) peuvent être quotidiens ou intermittents en fonction de l’alimentation et des activités.

Le contenu gastrique acide passe la jonction gastro-œsophagienne et remonte le long de l’œsophage, parfois jusqu’à la bouche. Tout le monde a des épisodes de reflux – un phénomène physiologique – mais il devient pathologique lorsqu’il occasionne des symptômes ou des lésions de la muqueuse de l’œsophage.

Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont souvent prescrits dans les cas de reflux gastroduodénal et d’ulcère gastroduodénal. Dans la mesure où ces pathologies s’inscrivent souvent dans la chronicité, les patients qui en souffrent sont amenés à prendre les IPP de façon régulière.

Comme les antidépresseurs, les antibiotiques, les antidouleurs, les IPP sont une des vaches à lait de l’industrie pharmaceutique. A base d’oméprazole, ésoméprazole, lansoprazole, pantoprazole, rabéprazole, ils ont un effet antiacide et probablement de nombreux effets “indésirables”.

Les études sur les dangers des IPP se succèdent et… …se contredisent. Il semble que de nombreuses études concluent tout de même à la dangerosité des IPP. Les patients sont souvent exposés à des effets indésirables sévères, voire mortels : carence en magnésium, ostéoporose avec risque de fracture osseuse, pneumonie, atteinte de la fonction rénale, infections digestives à clostridium difficile, décès prématuré…

Une étude de 2019, focalisée sur un groupe de 93 335 patients ayant fait un épisode d’insuffisance rénale aiguë (IRA), révélait que 16 593 d’entre eux avaient pris un traitement par IPP. Après correction des biais, ces derniers présentaient un risque d’IRA multiplié par 4,35 comparativement aux autres patients. Cette même étude a porté sur 84 600 malades d’insuffisance rénale chronique (IRC), dont 14 514 avaient préalablement pris un traitement par IPP : ces derniers avaient un risque d’IRC multiplié par 1,20.

En janvier 2020, une autre étude de Maddison ajoutait à la charge des IPP une baisse des fonctions cognitives chez les personnes traitées pour le cancer du sein. L’impact des IPP a été étudié sur 551 malades répartis en 3 groupes selon l’ancienneté de leur maladie. Comparativement à ceux qui ne prenaient pas d’IPP pendant ces périodes, ceux qui en prenaient ont manifestés des problèmes de concentration plus sévères et une baisse plus prononcée de la qualité de vie.

Sources :

E. Hart, T.E. Dunn, S. Feuerstein et D.M. Jacobs, dans Pharmacotherapy, février 2019.

Safety of Proton Pump Inhibitors Based on a Large, Multi-Year, Randomized Trial of Patients Receiving Rivaroxaban or AspirinMoayyedi P., Eikelboom J.W., Bosch J., Connolly S.J., Dyal L., Shestakovska O., Leong D., (…), COMPASS Investigators
(2019)  Gastroenterology,  157  (3) , pp. 682-691.e2.

Annelise A. Madison, Alex Woody, Brittney Bailey, Maryam B. Lustberg, Bhuvaneswari Ramaswamy, Robert Wesolowski, Nicole Williams, Raquel Reinbolt, Jeffrey B. VanDeusen, Sagar Sardesai, William B. Malarkey, Janice K. Kiecolt-Glaser. Cognitive problems of breast cancer survivors on proton pump inhibitors. Journal of Cancer Survivorship, 2020; DOI: 10.1007/s11764-019-00815-4